interview

 

ivg

L’IVG en questions

 

Par Marie-Christine Fave

M.C.Fave

 

 

Bientôt 40 ans : l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) est autorisée par la loi française depuis presque 40 ans… Cependant les questions éthiques entourant cette pratique demeurent. Le docteur Jérémie K. aborde ces questions et explique aussi sa démarche personnelle. Il exerce à Marseille et y fréquente l’assemblée CAEF du CEP.

 

 

 

 

 

Historique de l’IVG en France

 

1920: la loi interdisait l’avortement

1975: la loi Veil dépénalise l’IVG(avant la fin de la dixième semaine)

1980 : cette loi est reconduite comme définitive et complétée par une loi sur le remboursement en 1982

1993: dépénalisation du délit d’auto-avortement et création du délit d’entrave à l’IVG (possible jusqu’à douze semaines de grossesse)

2004 : l’IVG médicamenteuse est autorisée en médecine de ville

 

 

dialogue-2Servir : Jérémie, une partie importante de ton activité professionnelle est consacrée au suivi de la femme en matière de contraception ou de grossesse. As-tu régulièrement des demandes d’IVG ?

Moins de cinq par semaine. Dans la plupart des cas, les patientes appellent dans l’urgence : « Je suis enceinte. Je ne souhaite pas garder le bébé ». Je les reçois en consultation.

 

dialogue-2Servir : Quelle est la démarche type ?

1) L’état des lieux : Définir avec la patiente quelle a été la faille de la méthode contraceptive (ou constater l’absence de contraception) qui a eu pour conséquence la grossesse inattendue. Il s’agit souvent de jeunes femmes, entre 16 et 30 ans, non mariées.

2) Essayer de dater la grossesse.

3) Discuter avec la patiente de son désir d’interrompre la grossesse en essayant de comprendre ses motivations. Essayer de lui faire part des solutions qui peuvent exister. Je fais une échographie de datation au cours de laquelle la patiente peut, si elle le désire, écouter le cœur du bébé et le voir bouger. Je lui précise qu’elle n’est pas obligée de regarder l’écran. La majorité préfère voir. Dans les cas où la maman souhaite entendre les battements du cœur, c’est souvent un grand moment d’émotion. Cet instant a amené, dans bien des cas, la maman à revenir sur sa décision et à conserver la grossesse.

4) Dans le cas où la patiente persiste dans sa décision, je l’oriente vers un confrère pour la pratique de cet acte.

 

dialogue-2Servir : Quelle est ton éthique par rapport à ton activité professionnelle ?

Je ne suis pas en accord avec la pratique de l’IVG. Cependant, je prends en charge un être humain avec ce qu’il est. Christ prenait soin des pécheurs sans approuver leurs actes mauvais. De même, je ne conçois pas de rejeter la patiente qui fait une demande d’IVG.

Jésus prit la parole et leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance. Luc 5.31 et 32

 

dialogue-2Servir : Tu précises que tu n’es pas en accord avec la pratique de l’IVG. Peux-tu expliquer pourquoi ?

Je suis convaincu que c’est Dieu qui crée la vie. Ce n’est donc pas à l’homme de décider d’interrompre la vie consciemment.

 

dialogue-2Servir : Quand une femme découvre qu’elle est enceinte, la vie est-elle déjà présente ?

Les tests de grossesse par prise de sang commencent à se révéler positifs à partir du neuvième ou dixième jour après la fécondation.

En ce qui concerne le début de la vie, les avis sont partagés.

Certains considèrent que la vie commence au moment de la fécondation, d’autres au moment de la nidation. Celle- ci se produit vers le cinquième jour après la fécondation. Quelle que soit la position retenue, il est évident qu’après le cinquième jour, on est face à un être vivant en plein développement. Ainsi, lorsqu’une femme découvre qu’elle est enceinte… la vie est là !

 

dialogue-2Servir : Que penses-tu de la pilule du lendemain ?

Précisons d’abord ce qu’elle n’est pas : elle est complètement différente de la Mifegyne (RU), qui est le médicament donné lors des IVG médicamenteuses. La pilule du lendemain se définit comme une méthode contraceptive qu’une femme peut utiliser pour pré- venir la survenue d’une grossesse après 12 un rapport non protégé.

Contrairement à certaines idées reçues, le mécanisme d’action essentiel de la pilule du lendemain est de bloquer ou de retarder l’ovulation, empêchant ainsi la fécondation, mais il a été démontré qu’elle n’a pas d’action sur l’endomètre (muqueuse interne de l’utérus où a lieu la nidation) : ce n’est donc pas une pilule abortive.

Autrement dit, si elle est prise trop tardivement et que l’ovulation a déjà eu lieu, elle ne sera pas efficace et n’empêchera pas une fécondation. D’après l’OMS, l’efficacité est de 95 % si elle est prise dans les 24 heures qui suivent le rapport non protégé, de 85 % dans les 24 à 48 heures, de 63 % dans les 49 à 72 heures.

Bien utilisée, la pilule du lendemain serait utile pour diminuer le nombre d’IVG. Toutefois, elle ne doit pas être considérée comme un substitut à une méthode contraceptive régulière : son utilisation opportuniste et répétitive en tant que méthode contraceptive est nettement moins efficace qu’une méthode continue.

dialogue-2Servir : Et après l’IVG ?

Une consultation post-IVG est prévue dans le protocole. Celle-ci permet d’une part de mettre en place une contraception efficace et d’autre part d’évaluer l’état physique et moral des patientes.

 

dialogue-2Servir : Un mot sur cet état…

Je retrouve souvent des patientes dans un état de souffrance morale. La fatigue physique n’arrange rien à cela. Les états de dépression sont fréquents à court, moyen ou long terme. Pour certaines, la date anniversaire, un an après, s’avère un élément déclencheur.

 

dialogue-2Servir : Quelle est ton attitude vis-à- vis des patientes qui ont choisi l’IVG ?

Comme je l’ai déjà mentionné, je n’approuve pas la pratique de l’IVG. Cependant, je m’interdis de moraliser. Cela ne sert à rien. Mes patientes souffrent déjà suffisamment de la situation. J’essaye plutôt d’avoir une attitude d’empathie. Par ailleurs, j’essaye aussi de les encourager à ce que cette situation ne se reproduise pas.

Le sujet du pardon me brûle les lèvres à chaque fois. Cela m’arrive d’en parler si l’occasion se présente, en respectant toutefois l’état de faiblesse dans lequel la patiente se trouve à ce moment-là.

 

 

C’est Toi qui as formé mes reins, Qui m’as tenu caché dans le sein de ma mère… Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; … Ps 139 : extraits des versets 13 et 16

 

 

 

ÉCHOGRAPHIE 3D DU FŒTUS A 12 SEMAINES DE GROSSESSE

foetus

Étapes du développement de la vie

 

J1 : Fécondation de l’ovule par un spermatozoïde dans la trompe, à proximité de l’ovaire. Après la fécondation, l’œuf commence à se diviser.

 

J1 à J5 : L’œuf est transporté jusqu’à l’utérus : c’est la migration.

 

J5-J6 : L’embryon se fixe dans l’utérus : c’est la nidation. Le placenta se forme : à partir de ce moment, l’embryon ne dépend plus exclusivement de ses propres réserves nutritives. Il va recevoir les nutriments dont il a besoin par les échanges entre la mère et l’enfant.

 

3e-4e semaines : le cœur commence à battre.

 

5e semaine : l’embryon pèse un gramme et mesure entre 7 et 11 mm, le système nerveux est de plus en plus développé.