Wycliffe :

 

l’importance des traductions

 

en langue vernaculaire

 

 

 

Par Nicolas SPALINGER1

Spalinger

 

wycliffe-1« Chaque langue est comme un filet lancé sur la réalité ; les mailles n’ont pas la même taille et ne sont pas faites à partir du même matériau, elles coïncident donc rarement. » Cela souligne l’importance de la langue vernaculaire, c’est-à-dire la langue du quotidien, celle qu’on parle à la maison, qu’on entend dans la rue et qu’on utilise instinctivement, pour toucher les coeurs en profondeur et amener un changement durable. L’histoire de l’Église est jalonnée de moments où la disponibilité de la Parole de Dieu dans la langue vernaculaire – celle d’un peuple pas encore atteint par l’Évangile révélé – a joué un rôle essentiel. En effet, comment peut-on vraiment comprendre la volonté de Dieu si ce n’est dans sa propre langue et dans sa propre culture ?

 

CÉRÉMONIE DE DÉDICACE DU NOUVEAU TESTAMENT TRADUIT DANS LA LANGUE (SO)KOUYA DE CÔTE-D’IVOIRE EN MARS 2012.

 

 

 

Dieu parle araméen, mais pas seulement

  

REMISE D’UN N.T. EN (SO)KOUYA AU CHEF LOCAL                                                                                           LECTURE

wycliffe-2wycliffe-3Quand Dieu a choisi de s’incarner, il a décidé d’utiliser la langue du peuple plutôt que celle des élites, pour montrer que l’Évangile s’adresse à tous. Les disciples de Jésus ont ensuite transmis son témoignage en utilisant la langue véhiculaire de l’époque : la koinè – une version simplifiée du grec –, un moyen de communication et d’échange commercial largement répandu à travers les nombreuses provinces de l’Empire romain à l’époque. Bien que la majorité des apôtres et des auteurs du Nouveau Testament ait pensé et vécu en araméen ou en hébreu, ils ont transmis leurs témoignages en koinè pour mieux atteindre d’autres langues vernaculaires au-delà des frontières. Apprendre l’hébreu et l’araméen n’était pas obligatoire pour devenir un disciple et le grec a servi de passerelle pour atteindre d’autres cultures et d’autres langues par la suite. Dieu a choisi de passer par la langue et la culture qui sont au coeur de notre identité. Il a voulu que l’Évangile soit enraciné dans un contexte humain pour qu’il y ait véritablement rencontre, authenticité et appropriation. Quand un édit officiel était envoyé aux différentes provinces de l’Empire perse pour proclamer le droit du peuple juif, il était écrit dans la langue et l’alphabet propres à chaque province, pour que le message soit bien compris de tous.2 Et quand Jésus s’adresse à une jeune fille pour la ressusciter3 ou quand il prononce des paroles solennelles sur la croix4, il n’utilise pas une langue sacrée qui serait plus puissante que les autres, mais il veut se faire comprendre du plus grand nombre. De même, le message inscrit sur la croix par Pilate n’établit pas un trio de langues supérieures, mais prend en compte des langues connues dans toutes les provinces de l’Empire romain pour que le message soit transmis plus facilement.5 Dieu appelle ses disciples à franchir les barrières des langues et des cultures pour que l’Évangile éternel puisse atteindre tous ceux qu’il a rachetés par son sang.

wycliffe-4L’Évangile contraste donc très nettement avec d’autres systèmes de pensée, philosophies ou religions où il faut apprendre la langue sacrée comme étape d’une initiation uniformisante : hindouisme et islam ne sont que des exemples parmi d’autres. L’histoire de la Réforme et du protestantisme est avant tout la redécouverte et la réappropriation du droit essentiel de disposer d’un accès personnel à la Parole dans sa propre langue, tout en rejetant une langue inaccessible au plus grand nombre et des institutions assoiffées de pouvoir et de richesses qui se placent en intermédiaires illégitimes.

 

 

PRIÈRE DE RECONNAISSANCE

 

Les critères d’une bonne traduction

 

Une traduction réussie est le fruit d’un équilibre entre connaissances théologiques, linguistiques et culturelles. Chaque aspect étant dépendant de l’autre pour un résultat final satisfaisant. Les critères de qualité sont l’exactitude, la clarté et le naturel. Il faut ainsi, avec la grâce de Dieu, faire la part des choses entre le message éternel et universel de l’Évangile et son enracinement dans une culture et une langue voulue. Il n’y a pas de traduction sacrée dont les mots devraient rester figés indéfiniment sans suivre les évolutions de la langue.

 

 

Un travail encore inachevé !

 

Aujourd’hui, beaucoup de peuples à travers le monde ne disposent pas d’un seul chapitre de la Bible dans la langue qu’ils comprendraient le mieux : leur langue maternelle. Le travail de recherche linguistique, d’alphabétisation et de traduction de la Bible dans toutes les langues du monde est donc stratégique pour mener à bien la mission que Dieu nous a confiée jusqu’aux extrémités de la terre. Chaque église locale se nourrissant déjà de la Parole devrait participer à cet élan de diffusion. Pourquoi garder cette richesse pour soi et ne pas la partager ? L’Alliance Wycliffe mondiale6 est engagée dans ces efforts en partenariat avec l’Église. Prions le maître de la moisson pour qu’il envoie ses ouvriers et qu’il pourvoie à leurs besoins. 7

 

N.S.

 


 

NOTES

 

1. Nicolas SPALI NGER est membre de l’Église protestante évangélique de Clermont-Ferrand. Il travaille en recherche et développement infor matique des alphabets avec Wycliffe pour la diffusion de la Bible dans les langues vernaculaires à travers le monde : www.mission.spalinger.org

 

2. Est 8.9

 

3. Mc 5.41

 

4. Mt 27.46

 

5. Jn 19.20

 

6. L’association Wycliffe est nommée en l’honneur d’un professeur qui a été le premier à traduire la Bible dans la langue du peuple anglais. Heureusement, plusieurs hommes de Dieu ont suivi son exemple dans d’autres pays (comme Luther, Hus, Tyndale, Zwingli, Farel, Olivétan, Osterwald, etc.).

 

7. Peut-être grâce à votre soutien ? Pour en savoir plus et faire un don : www.wycliffe.fr ou www.wycliffe.ch