La relation du chrétien à la Loi :feuvert

 

libre d’aimer

 

 

Par LYDIA PRAMSCHÜFER1

PRAMSCHUFER

Dans le Nouveau Testament, il nous est dit de Jésus qu’il a accompli la Loi (Mt 5.17). Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? En quoi consiste l’accomplissement de la Loi ? En tant que chrétiens, sommes-nous encore liés à la Loi de l’Ancienne Alliance donnée au peuple d’Israël ? La vie et l’oeuvre de Jésus changent-elles notre relation à la Loi ?

 

Ce sont des questions essentielles auxquelles les chrétiens du premier siècle étaient confrontés et qui peuvent encore nous préoccuper à l’heure actuelle. Cet article vise à apporter quelques pistes de réflexion en examinant ce que l’apôtre Paul répond aux interrogations des Galates à propos du lien entre leur salut, la foi et l’observation de la Loi. Devaient-ils, comme le prétendaient certains, se laisser circoncire pour être acceptés par Dieu comme ses enfants, pour être sauvés ? Et nous, devons-nous garder les prescriptions de la Loi pour plaire à Dieu ?

 

 

Une Loi incapable de sauver

 

Tout d’abord, la Loi donnée par Dieu en tant qu’expression de sa volonté est décrite comme étant quelque chose de bon, de saint et de juste (Rm 7.12) ; elle lie étroitement vie et obéissance, selon la devise : si tu obéis, tu vivras. Mais mettant en évidence notre incapacité de plaire à Dieu, elle n’est pas capable de nous donner la vie. L’être humain ne peut pas être justifié en accomplissant les oeuvres de la Loi2 et cela non pas à cause de la nature de la Loi, mais à cause de notre faiblesse, notre corruption, notre péché (Ga 2.16). La Loi est incapable de nous transformer, de nous changer radicalement et d’éliminer le problème du péché.

 

 

Le changement qu’apporte Jésus

 

La venue de Jésus-Christ a apporté un changement radical dans le rapport que l’être humain est appelé à avoir avec la Loi. C’est pour cela que nous apprenons dans le Nouveau Testament que Jésus est venu accomplir la Loi. Et il le fait de trois manières.

 

Jésus accomplit la Loi parce qu’il est le seul à avoir pleinement satisfait les exigences de Dieu exprimées dans cette Loi. Ensuite, il est la réalisation de ce que la Loi annonçait : il donne sa vie pour enlever les péchés, ce que les sacrifices prescrits dans la Loi n’étaient pas en mesure de faire. Finalement, Jésus accomplit la Loi parce qu’il révèle les véritables intentions de Dieu visées par ses ordonnances en critiquant l’utilisation que les spécialistes de la Loi de son époque en faisaient (Mt 5.21-48).

 

Dans le Nouveau Testament, nous lisons aussi que sans la foi il est impossible de plaire à Dieu, de lui être agréable (Hé 11.6). Mais quel est le lien entre cette foi et la Loi ? Quelle utilité la Loi a-t-elle ? Pourquoi Dieu nous l’a-t-il donnée ?

 

1. La foi d’Abraham antérieure à la Loi

 

Dans la lettre aux Galates, Paul explique clairement que, pour être sauvé, il n’est pas nécessaire d’observer la Loi ; pour appuyer son propos, il utilise l’exemple de la foi d’Abraham.

 

Nous lisons qu’Abraham « a eu confiance en Dieu et [que] Dieu, en portant sa foi à son crédit, l’a déclaré juste » (Ga 3.6 et Gn 15.6). Cela se situe avant le don de la Loi et cela nous place devant la question suivante : Pourquoi, à l’époque de Moïse, la Loi a-t-elle été donnée si ce n’est pas par elle que nous pouvons être sauvés et s’il est possible d’être justifié au moyen de la foi ? À quoi les prescriptions de la Loi servent-elles ?

 

Elles servent à montrer que la foi est ce qui permet d’être déclaré juste devant Dieu, à montrer que l’homme est incapable d’obéir à Dieu par ses propres forces, et à montrer que nous avons besoin d’être renouvelés intérieurement, que notre coeur a besoin d’être changé. La Loi a donc une fonction pédagogique, éducative.

 

Pourquoi les Galates étaient-ils tentés de se faire circoncire s’ils avaient tout par la foi en Jésus-Christ ? Il est tout à fait pensable que, n’étant pas originaires du peuple d’Israël, ils se soient sentis inférieurs par rapport aux chrétiens d’arrière- plan juif ; par un acte concret, ils auraient pu satisfaire le désir qui habite chaque être humain de pouvoir accomplir quelque chose par soi-même pour être accueillis par Dieu et acceptés par les autres.

 

2. Enfants d’Abraham, enfants de Dieu

 

Paul répond à cette problématique en affirmant que, la descendance d’Abraham, c’est le Christ. Cela veut dire que nous qui, par notre union avec lui, plaçons notre foi en Dieu, nous sommes enfants d’Abraham. Nous faisons partie du peuple de Dieu, non pas parce que nous accomplissons la Loi ou parce que nous étions enfants biologiques d’Abraham, mais parce que nous mettons notre confiance en Dieu, tout comme Abraham l’a fait. Cette descendance est appelée « selon la promesse » (Ga 3.18), elle est selon la grâce, selon l’Esprit qui habite en nous et par lequel nous pouvons nous adresser à Dieu comme à notre père ; être enfants d’Abraham veut aussi dire être enfants de Dieu, être héritiers de la grâce, héritiers de ce que Dieu a promis à Abraham, héritiers du royaume, car ces promesses faites à Abraham trouvent leur accomplissement dans la personne de Jésus-Christ.

 

Les deux derniers chapitres de l’épître aux Galates (Ga 5-6) sont finalement consacrés à définir le rapport du chrétien à la Loi et la liberté qui en découle.

 

3. Libre de faire ce qui plaît à Dieu, libre d’aimer

 

La liberté au sens biblique, ce n’est pas de faire n’importe quoi, mais de vouloir ce que Dieu veut, ce qui lui plaît ; sans l’Esprit de Dieu en nous, nous n’avons pas la liberté de faire le bien, car nous sommes contraints à accomplir le péché. Le Christ nous a rendus libres pour que nous connaissions la vraie liberté (Ga 5.1).

 

Nous avons souligné que Dieu ne nous accepte pas sur la base de ce que nous faisons, mais par pure grâce, sur la base de la mort de son Fils à notre place. Jésus a pleinement satisfait les exigences de Dieu exprimées dans la Loi. Cependant, la foi véritable est authentifiée par des oeuvres que nous accomplissons (Jc 2) et qui sont non pas condition mais conséquence de notre salut. La foi que nous plaçons en lui nous donne la force d’aimer Dieu et notre prochain – commandement qui résume toute la Loi (Mt 22.37s) – et nous prépare à nous laisser transformer par Dieu de sorte que nous voulons faire ce qu’il nous demande. Et c’est là qu’entre en jeu la liberté du chrétien, liberté de faire la volonté de Dieu, liberté d’aimer.

 

Peu importe d’être circoncis ou non. Ce qui compte, c’est d’être une nouvelle créature (Ga 6.15). C’est ainsi que Paul conclut en mettant l’accent non pas sur les exigences que nous aurions à satisfaire, mais sur ce que nous sommes en Christ : une nouvelle créature, transformée en son image par l’amour de Dieu, pour vivre une vie qui lui soit agréable.

 

L.P. 


NOTES

 

1. Allemande, elle a étudié de 2007-2010 à l’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne (IBN) et de 2010-2012 à la Faculté Libre de Théologie Évangélique (FLTE). Elle est actuellement en stage à l’Église Baptiste de Moutier (Suisse), dans le cadre de sa formation (Master professionnel).

 

2. Quand il est question des oeuvres de la Loi dans le Nouveau Testament, cela fait référence aux efforts que l’être humain met en oeuvre pour atteindre la justice que la Loi de Dieu exige ; il s’agit donc des moyens que nous choisissons pour plaire à Dieu en comptant sur nos propres forces.