Le commerce équitable est un commerce éthique !

 

 

Par CHRISTIAN HOUEL

houel

 

 

Le terme même de commerce équitable semble un oxymore, tant la course aux profits s’est emparée de ce qui est au départ un échange entre quelqu’un qui a et quelqu’un qui veut ou a besoin de quelque chose. Cela a commencé avec le troc puis les choses ont évolué. Un objet, un bien, une denrée passent d’une main à une autre moyennant un paiement dans le processus.

 

 

Dans l’évangile de Matthieu (6.3) Jésus déclare : Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. Il parle ici de l’aumône, de donner à quelqu’un qui a besoin, il parle de don et nous invite à le faire de façon discrète.

Par contre, dans le domaine du commerce, de nos achats, il faudrait que notre main gauche sache ce que fait notre main droite. En vue de nous poser les bonnes questions. Les questions que nous nous posons – ou devrions nous poser – en tant que chrétiens, par rapport au contenu de nos lectures, de certains films, des médias, de nos relations… Toute notre vie et chacun des actes de notre vie doivent tendre à glorifier Dieu, même notre consommation ; car certes nous ne sommes pas du monde, mais nous sommes dedans et nous consommons comme les autres, nous sommes soumis aux mêmes incitations.

 

 

L’IMMEUBLE DU RANA PLAZA, À DACCA                                                  BANGLADESH, TRAVAIL DE LA FIBRE DE PALME

artisan-inderuinesD’où vient ce que j’achète, dans quelles conditions cela a-t-il été fabriqué, vendu… ? L’actualité, avec Dacca1, nous montre le prix payé par certains dans la course aux vêtements toujours moins chers. Quelle est l’histoire du produit dont j’ai envie ? Oh, pardon !, dont j’ai besoin ! Suis-je devant ce produit un consommateur aveugle ou aveuglé ou au contraire un consommateur avisé, conscient et responsable de ses actes (y compris d’achat) devant Dieu et devant les hommes ? Est-ce que, par mes achats, je me rends complice de l’exploitation, de l’esclavage, de la maltraitance d’autres êtres humains créés à l’image de Dieu ? Voilà beaucoup de questions, mais des questions fondamentales…

    Le commerce équitable, par sa dynamique, ses caractéristiques, son soutien et son accompagnement des petits producteurs et artisans des pays en voie de développement, est la réponse pour des échanges commerciaux dignes, justes, porteurs d’avenir.

Le commerce équitable nous permet de répondre aux problèmes d’éthique qui sont tant négligés dans nos sociétés, de montrer aussi à nos contemporains que nous sommes soucieux du sort de notre prochain sur tous les plans et pas uniquement spirituels.

 

Je cite, en conclusion, cette prière de l’évêque de Meaux (lue dans une aumônerie) :

L’appel de ceux qui militent pour le commerce équitable me touche. Je ne suis pas sûr, Seigneur, de la validité de tous leurs raisonnements, mais je te demande la force de devenir un « consomm’acteur », quelqu’un qui n’achète pas aveuglément, mais qui fait attention à l’immense chaîne du travail des hommes qui permet de bénéficier du pain que tu nous donnes. Seigneur, je te demande le discernement, pour que la manière dont je remplis mon caddie soit aussi un signe de l’amour que je te porte.

C.H.

 Pour aller plus loin : www.agir-autrement.fr     –    Pour mettre en pratique : http://www.artisanatsel.com

 


NOTE

 

1. Le 24 avril 2013, à Dacca, capitale du Bangladesh, l’immeuble du Rana Plaza, qui abritait des ateliers de confection travaillant notamment pour des marques occidentales, s’est soudainement effondré. L’accident a fait 1229 morts, le pire bilan dans l’histoire industrielle du pays.