Quel est le lien entre la croix du Christ et notre

justification ?

 

alpha omega

 

Par Reynald Kozycki

 

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1 La mort du Christ en croix manifeste le châtiment normal du péché. Mais Jésus-Christ n’a pas mérité ce châtiment. Le prophète Ésaïe a déclaré par avance pourquoi il fut ainsi châtié : C’est pour nos péchés qu’il a été percé, c’est pour nos fautes qu’il a été brisé. Le châtiment qui nous donne la paix est retombé sur lui et c’est par ses blessures que nous sommes guéris (Esaïe 53.5).

 

 

2 Celui qui accepte cette substitution admet qu’il aurait mérité ce châtiment. Il reconnaît donc le droit de Dieu. « Ce que Dieu réclame du pécheur pour qu’il lui pardonne, ce n’est pas de lui payer sa dette, c’est de la reconnaître… Vis-à-vis d’un être qui acquiesce au droit de punition que Dieu a sur lui, la justice désarme, et la charité peut déployer ses richesses de pardon. Ce résultat est obtenu par la manifestation de la justice qui a eu lieu sur la croix : là, la conscience humaine a acquiescé au droit de Dieu… elle y acquiesce de nouveau dans chaque croyant qui, au pied de la croix, s’approprie cette grande et solennelle manifestation. On comprend ainsi pourquoi la réparation offerte par le Christ et la foi par laquelle nous nous l’approprions se trouvent être les deux conditions étroitement unies de notre réconciliation » (F. Godet, Études bibliques, NT, p. 167- 168). « Son droit une fois reconnu par Jésus et par celui qui croit en lui, Dieu peut s’en désister et légitimement déclarer juste le pécheur lui-même » (Id.). Il demeure juste tout en justifiant le pécheur.

 

 

3 « Alors que nous étions ses ennemis, Dieu nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils ; à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » (Rm 5.10). Par quelle vie ? Sa vie en nous. Jésus a dit : Je me sanctifie moi-même pour eux (Jn 17.19). Il a été fait pour nous… sanctification (en Christ, en effet, se trouvent pour nous l’acquittement, la purification et la libération du péché) (1 Co 1.30).

Celui qui a accepté que le Christ soit mort pour ses péchés ne peut pas continuer à vivre consciemment dans le péché. « Adhérer à la mort du Christ pour le péché, c’est mourir au péché, c’est-à-dire rompre radicalement avec lui » (F. Godet p. 180). C’est le sens de cette parole mystérieuse de Jésus, « boire son sang » : assimiler la mort de Jésus pour le péché et au péché, « manger sa chair » : s’approprier sa vie consacrée à Dieu. Ainsi nous sommes transformés en son image dans une gloire dont l’éclat ne cesse de grandir. C’est là l’oeuvre du Seigneur, c’est-à-dire de l’Esprit (2 Co 3.16). Le croyant mène une vie sainte grâce à la vie du Christ en lui. Notre sanctification est aussi un fruit de la croix. Ainsi « la justification par la foi est uniquement la porte d’entrée par laquelle nous sommes introduits dans l’état de salut, tandis que la justification finale, qui repose sur la constatation de la sainteté réalisée, est la porte de sortie par laquelle nous parvenons du salut à la gloire » (F. Godet p. 177). « Le Christ substitué à nous devant Dieu comme notre justice ; le Christ substitué à nous en nous-mêmes comme notre sanctification : voilà la plénitude du salut chrétien » (Id. p. 192).

 

R.K.