Les images de Dieu dans la Bible

 

 

Par JONATHAN HANLEY

J-Hanley

 

 

Comment est Dieu ? De tout temps, la question s’est posée. Puisque Dieu est notre créateur, il savait que nous la poserions. Il nous a donc donné deux sources principales d’information pour y répondre : la personne de Jésus et l’Écriture.

 

 

 

La personne de Jésus

 

Quand Philippe a demandé à Jésus de lui montrer Dieu, la réponse a été, en substance : « Regarde-moi ! » L’épisode nous est relaté par Jean (14.8-9) : Philippe intervint : – Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffira. – Eh quoi, lui répondit Jésus, après tout le temps que j’ai passé avec vous, tu ne me connais pas encore, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Quand nous parlons des images de Dieu, nous ne devons jamais oublier que Jésus est la forme que Dieu a prise pour se rendre visible aux yeux humains. Et ceux qui l’ont effectivement vu en chair et en os nous ont laissé leur témoignage dans la Bible (Lc 1.1-4, Jn 21.24-25).

 

 

Les Écritures

 

Dieu n’a pas seulement revêtu un corps humain pour nous montrer comment il est. Il s’est aussi servi de mots humains pour se décrire, dans toutes les Écritures. Ces mots nous sont accessibles, ce qui est une démonstration extraordinaire de sa grâce : il se décrit dans sa Parole avec nos mots à nous ! Ces images nous aident à le comprendre. Il nous les a données. Son but en nous les donnant est de construire la relation avec nous. Non seulement savait-il que nous poserions la question « Comment est Dieu ? », mais il voulait nous donner une réponse qui soit suffisante pour que nous le connaissions. Ce désir de sa part provient, bien sûr, de son amour. Parmi les termes humains utilisés dans la Bible pour décrire Dieu, deux catégories appartiennent au champ des « images » : les images corporelles (ou « anthropomorphismes ») et les images relationnelles.

 

 

Que nous apprennent les images corporelles de Dieu ?

 

Dans la Parole, certains aspects physiques du corps humain servent à décrire l’interaction entre Dieu et nous. Jésus utilise cette forme d’expression : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Mt 4.4) De nombreux écrits de l’Ancien Testament ont recours à de tels anthropomorphismes. « Si tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel, ton Dieu, si tu fais ce qui est droit à ses yeux… » (Ex 15.26) « La main de l’Éternel n’est pas devenue trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. » (És 59.1) Il est aussi question des pieds de Dieu (Ex 24.10), ainsi que de son nez, par inférence, chaque fois que les Écritures mentionnent les sacrifices « d’une agréable odeur à l’Éternel ».

 

Ces images corporelles de Dieu nous aident à percevoir l’action de Dieu. Par exemple, lorsque nous lisons qu’il nous soutient par son bras puissant et nous conduit de sa main. Elles nous aident aussi à comprendre que nous exerçons une action sur lui ou, plutôt, que nous l’affectons. Par nos paroles qu’il entend « de ses oreilles » et nos actes qu’il voit « de ses yeux », nous pouvons le réjouir ou l’attrister.

 

De telles descriptions présentent un risque, néanmoins, si elles ne sont pas équilibrées par une saine compréhension de la sainteté et de la transcendance de Dieu. En « humanisant » Dieu à l’excès, nous le réduisons à notre échelle. Les images humaines qui décrivent le divin deviennent alors une sorte de prisme par lequel passe toute notre perception de Dieu. D’ailleurs, les athées et les agnostiques se moquent facilement de ces expressions, et accusent les croyants d’« inventer » Dieu à leur image ! Or, la Parole nous apprend que c’est lui qui nous a « inventés » à son image. Est-ce à dire qu’il mesure environ 1 m 70, et se présente avec un visage qui comporte deux yeux, deux oreilles, une bouche et un nez ? I

 

l a effectivement habité un tel corps – en Jésus. Mais dans l’ensemble des Écritures, ces éléments nous sont donnés non pas pour décrire l’aspect de Dieu, mais pour nous dire ce qu’il fait : Dieu voit, agit, entend, parle et ressent. Et si nous pouvons faire ces choses aussi, c’est parce que nous sommes à sa ressemblance, créés à son image.

 

 

Les images relationnelles

 

agneauLes images relationnelles de Dieu dans les Écritures sont trop nombreuses pour en faire une liste exhaustive ici, mais en voici quelques-unes :

• Père (Mt 6.9)

• Mère (Ps 131.2, Lc 13.34)

• Ami et collaborateur (Jn 15.14- 15)

• Roi (Mt 6.10)

• Berger et guide (Ps 23)

• Époux (2 Co 11.2)

 

 

 

Beaucoup d’autres relations humaines servent à décrire sa personne et son action. Il est juge, créditeur, jardinier et vigneron, architecte et bâtisseur, potier, et libérateur. Il nourrit, protège, guérit, accompagne, illumine et ressuscite. Toutes ces fonctions lui servent, par le biais de sa Parole, à consolider notre relation avec lui, car elles font partie de notre quotidien. Elles participent au contexte dans lequel nous vivons. Certaines sont tirées de notre expérience, comme la famille et les amis, ou le médecin qui soigne. D’autres relèvent de nos aspirations, comme le désir d’un conjoint ou l’espérance de la résurrection.

 

 

L’utilité des images relationnelles

 

Ces fonctions expriment la diversité des facettes personnelles de Dieu. Tout d’abord, elles soulignent sa nature relationnelle en lui-même, manifestée par ce mystère que nous appelons la Trinité. L’expression relationnelle de son être est ensuite étendue à l’être humain, qu’il est venu chercher et sauver dans sa grâce.

 

Lorsque nous étudions les images relationnelles de Dieu dans la Bible, elles nous servent à compléter notre image de lui, et nous aident à comprendre ce qui est déjà une réalité spirituelle. En effet, il ne devient pas notre Père céleste, notre roi et notre guide lorsque nous le percevons comme tel. Il l’est dès le moment de notre salut. Mais la compréhension de ces images relationnelles enrichit notre foi et notre adoration.

 

Ces images peuvent nous aider à comprendre comment Dieu comble certains manques affectifs et psychologiques. Il est décrit comme un parent pour les orphelins et un compagnon pour les personnes seules, par exemple. Très souvent, il demande à ses enfants de jouer ce rôle, d’être ses mains et ses pieds dans notre monde pour soulager ces manques, mais il peut bien sûr le faire lui-même, sans passer par notre entremise.

 

 

Comment Jésus décrit-il Dieu ?

 

Bien entendu, la question « Comment est Dieu ? » a été posée en différents termes à Jésus lui-même. Parmi les réponses les plus percutantes à cette question figure la série de trois images relationnelles données par Jésus suite à une interrogation implicite des chefs religieux de son époque, et que nous lisons dans Luc 15. En substance, Jésus affirme que Dieu est comme un berger qui part chercher et ramener une brebis égarée. Puis il dit que Dieu ressemble à une femme qui cherche et trouve une pièce perdue. Finalement, il décrit Dieu comme un père qui attend et espère la réconciliation avec son fils rebelle, puis l’accueille avec effervescence à son retour.

 

Prises dans leur ensemble, ces trois images de Dieu, données par Dieu le Fils lui-même, ouvrent un horizon relationnel bienfaisant tellement vaste que les chrétiens de toutes sortes s’en nourrissent quotidiennement encore aujourd’hui. Ou, pour emprunter l’expression de l’apôtre, ces images sont tellement riches que si on les décrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pourrait contenir les livres qu’on écrirait. (Jn 21.25)

 

J.H.