Adopter un style de vie simple

 

 

par Daniel HILLION1

 Hillion

 

En 1974 a eu lieu à Lausanne le Congrès pour l’Evangélisation du Monde.

 

Le document final ayant en particulier un paragraphe bien connu sur la responsabilité sociale du chrétien. Une autre section du document affirme que ceux qui vivent dans l’abondance s’engagent à vivre plus simplement pour pouvoir contribuer à l’évangélisation et à l’aide aux déshérités.

 

Suite au Congrès de Lausanne, John Stott a été interrogé par des chrétiens issus des pays en développement sur la question de savoir si les chrétiens occidentaux étaient vraiment sérieux dans leur engagement à développer un style de vie simple. Pour approfondir le travail commencé à Lausanne, un rassemblement s’est tenu en 1980. Il a produit un texte peu connu, mais qui mériterait de l’être davantage : « Un engagement évangélique pour un style de vie simple. »

 

 

Le récit biblique de la création occupe une place fondamentale dans le texte de l’engagement pour un style de vie simple.

Lorsque Dieu fit l’homme, homme et femme, à sa propre image, il leur donna la domination sur la terre2. Il fit d’eux les gérants de ses ressources et ils devinrent responsables envers lui, en tant que Créateur, envers la terre qu’ils devaient développer, et envers leur prochain avec lequel ils devaient partager les richesses de la terre. Ces vérités sont si fondamentales que l’accomplissement authentique de l’humanité dépend d’une juste relation avec Dieu, avec le prochain et avec la terre et toutes ses ressources.

 

La Genèse nous présente la vocation de l’humanité : remplir la terre et la soumettre, c’est-à-dire mettre en valeur toutes ses ressources pour la gloire de Dieu. La nature collective de cette tâche apparaît facilement à la réflexion : aucun être humain ne peut, à lui seul, remplir la terre et la sou mettre.

La biodiversité

 biodiversite

Comment doit se caractériser le style de vie d’un chrétien ? De quelle manière traitera-t-il la terre ? De quelle manière considérera-t-il les ressources qu’il possède et comment en usera-t-il ? L’apôtre Paul écrit à Timothée : « Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu qui nous donne tout en abondance, pour que nous en jouissions. Qu’ils fassent le bien, qu’ils soient riches en œuvres bonnes qu’ils aient de la libéralité, de la générosité, et qu’ils s’amassent ainsi un beau et solide trésor pour l’avenir, afin de saisir la vraie vie. » (1 Tm 6.17-19)

 

L’enseignement biblique sur la création nous apprend à considérer tout ce que nous avons comme venant de la main de Dieu. Les possessions matérielles ne sont pas vues comme mauvaises en elles-mêmes, car elles appartiennent à la création – et tout ce que Dieu a créé est bon (1 Tm 4.4) – mais ce n’est pas en elles que nous devons mettre notre espérance. La foi en un Dieu qui prend soin de nous et qui nous a donné le Royaume par Jésus devrait nous libérer en vue d’une vraie et franche générosité (cf. Lc 12.32-34).

 

La pauvreté a ceci de monstrueux qu’elle s’attaque à l’humanité des nommes, des femmes et des enfants. Elle es empêche de jouer leur rôle dans cette vocation de l’humanité que nous présente e premier chapitre de la Genèse. Dans un monde aussi gravement atteint par le péché qu’est le nôtre, une partie de nos efforts devra viser à limiter (autant que possible) les effets dévastateurs de la désobéissance de l’homme. Concrètement, ceux qui possèdent des richesses matérielles – les « riches du présent siècle » – devront s’interroger sérieusement sur la façon dont ce que Dieu leur a confié peut être utilisé. Comment mon style de vie reflète-t-il ce que je crois ?

 interaction

 

L’engagement pour un style de simple formule quelques recommandations claires et en même temps très saines par leur absence de légalisme ou de culpabilisation :

 

« […] chacun d’entre nous est déterminé à développer un style de vie plus simple. Nous avons l’intention de réexaminer nos revenus et nos dépenses afin de vivre avec moins et de donner davantage. Nous n’imposons ni règles, ni règlements, que ce soit pour nous-mêmes ou pour les autres. Cependant, nous prenons la résolution de renoncer au gaspillage et de nous opposer à l’extravagance dans notre mode de vie personnel, dans notre habillement ou notre logement, dans notre façon de voyager ou dans les locaux de nos églises. […] Ceux d’entre nous qui vivent en Occident ont besoin de l’aide de leurs frères et sœurs du Tiers-Monde pour évaluer leurs critères de dépenses. Ceux d’entre nous qui vivent dans le Tiers-Monde reconnaissent qu’ils sont également exposés à la tentation de la convoitise. Ainsi nous avons besoin de compréhension, d’encouragement et de prières mutuels. »

 

Notre relation avec Dieu devrait naturellement s’exprimer dans notre style de vie. Dans une perspective biblique, il va de soi que cela touche – entre autres – notre comportement à l’égard des pauvres   : Jean-Baptiste, venu préparer le ministère de Jésus, le mentionne explicitement lorsqu’il parle des fruits de la repentance (Lc 3.10-11). Esaïe rappelle avec force que la pratique du jeûne doit s’accompagner d’un style de vie approprié pour avoir de la valeur : celui de l’homme qui partage son pain avec celui qui a faim.3

 

Ce serait une illusion de croire que nous pouvons renforcer notre engagement avec et en faveur des pauvres si nous ne réfléchissons pas à notre style de vie, en recherchant des réponses concrètes aux questions qui se posent au cas par cas. Ce style de vie ne sera certes pas ascétique – car Dieu nous donne tout en abondance pour que nous en jouissions, – mais il sera simple, car il reflétera des convictions bien définies sur Dieu, sur notre prochain et sur la terre. Avez-vous déjà relevé que pour la Bible, l’une des raisons pour lesquelles nous sommes censés gagner de l’argent est d’avoir « de quoi donner à celui qui est dans le besoin4 ». Est-ce notre but quand nous travaillons ?

 

D.H.


NOTES

 

1.  Responsable des relations publiques du S.E.L. (Service d’Entraide et de Liaison) On en trouvera le texte complet avec un commentaire sur le site du Comité de Lausanne (en anglais) : www.lausanne.org/hoddesdon-1980/lop-20.html Une version française est disponible sur le site de la campagne française du Défi Michée : www.defimichee.fr/spip.php7article7

 

2.  Gn 1.26-28. L’un des aspects du jugement de Dieu souligné par l’Apocalypse est qu’il détruira « ceux qui détruisent la terre » (11.18).

 

3.  Esaïe 58

 

4.  Ep 4.28