Péché : les mots pour le dire1

 

 

Par Robert Souza

Souza

Dans l’Ancien Testament

 

Si l’on en croit les spécialistes, l’hébreu biblique dispose d’une bonne cinquantaine de termes ayant quelque rapport avec le thème du péché ! Il existe donc un vaste domaine de recherches pour ceux qui désirent approfondir la question.

 

Il n’est pas rare de trouver les trois termes principaux dans une même phrase. Par exemple, Daniel 9.24 : crimes, (transgression, révolte contre Dieu), péchés et faute (Colombe, NBS, Semeur 2015) ; Exode 34.7 : la faute, le crime (la transgression) et le péché.

 

Le mot le plus souvent traduit par péché (environ 600 occurrences en comptant les mots dérivés, de même racine) ne s’est pas trop éloigné de son étymologie qui évoque l’image de manquer la cible. Il peut exprimer des notions d’échec, de manquement par rapport à la norme (ce qui le rapproche de l’impureté), de ratage, de tort commis…

 

Un second terme est rendu, dans les traductions récentes, par faute, perversité, culpabilité (c’est l’iniquité de la version Segond). Il dérive d’une racine qui évoque ce qui est tordu ou courbé et peut donc faire penser à ce qui n’est pas droit, à la perversion, ou au poids de la culpabilité qui fait courber le dos du pécheur.

 

Moins fréquent, mais également important, est le mot qui est traduit par transgression, rébellion, révolte. On peut parler de crime contre l’autorité.

 

Parmi les très nombreux autres termes servant à caractériser le péché, on peut mentionner ceux qui évoquent le méchant, l’impie, la personne sans foi ni loi ; la folie ou la stupidité du moqueur ; la fraude, la vanité et le mensonge dans le contexte de l’idolâtrie.

 

 

Dans le Nouveau Testament

 

Ici, le vocabulaire qui nous intéresse est beaucoup plus restreint. Parmi les mots disponibles dans le grec du Ier siècle, les auteurs du Nouveau Testament ont préféré hamartia qui correspond (jusque dans son étymologie) au premier terme évoqué ci-dessus. Ils ont adopté ce mot et en ont façonné l’usage pour exprimer leur vision chrétienne du péché, héritée d’Israël, mais éclairée et précisée à la lumière de l’Évangile de la grâce.

 

Jésus lui-même a repris à son compte une autre notion courante dans le judaïsme de l’époque, celle du péché comme dette.

 

Il faut également mentionner le péché vu comme injustice (adikia), comme rejet de la loi (anomia), comme impiété ou rejet de Dieu (asebeia) ou, encore, comme transgression (franchissement de la « ligne jaune ») ou chute. (Il existe aussi, bien évidemment, toute une gamme de mots pour désigner des péchés particuliers : vol, meurtre, adultère, etc.).

 


NOTES

 

1. Pour aller plus loin : Dictionnaire de Théologie biblique, article de H. Blocher (p.803) et bibliographie (p.811), Excelsis 2006