La loi et le péché

 

 

 

Par Thierry Seewald

 

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La loi, instituée par Dieu pour mettre le péché en lumière

 

Depuis la désobéissance d’Adam, le péché et la mort manifestent leur pouvoir dans ce monde. Et Dieu a donné la loi à Moïse, afin que le péché puisse être pris en compte (Rm 5.13 ; cf. 4.15).

 

Mais le rôle de la loi est temporaire : Elle a été ajoutée à cause des transgressions1, jusqu’à ce que vienne la descendance à qui la promesse avait été faite (Ga 3.19, cf. Ga 3.24).

 

Car elle ne fait que donner la connaissance du péché (Rm 3.20). Nul n’est justifié par les oeuvres de la loi (Ga 2.16).

 

 

Un effet paradoxal de la loi

 

En Romains 6, Paul annonce que les croyants sont libérés du péché. Puis au chapitre 7, il affirme qu’ils sont également libérés de la loi. À tout le moins, cela signifie que nous sommes libérés du fardeau d’essayer de respecter la loi pour espérer obtenir le salut. Car personne ne peut respecter tous les commandements donc espérer être sauvé par l’observance de la loi (Ga 3.21-22)

 

Toutefois Paul affirme plus que cela ; la loi met le péché en lumière, mais elle a aussi un effet paradoxal : la loi est intervenue pour que le péché foisonne (Rm 5.20). Ce verset ne signifie pas simplement que la loi révèle combien les péchés sont nombreux. Paul au chapitre 7 développe sa pensée de manière surprenante. Certains contemporains de Paul voulaient rapprocher grâce et péché en affirmant que si nous ne sommes plus sous la loi, alors nous pouvons pécher (Rm 6.15). Pour Paul, c’est le contraire : la loi non seulement ne peut pas sauver, mais elle est un obstacle au salut et un appui pour le péché.

 

Ainsi à plusieurs reprises, Paul utilise le terme « loi », là où nous pourrions nous attendre au terme « péché ». En Rm 7.6 : nous sommes libérés de la loi, car nous sommes morts à ce qui nous retenait prisonniers. Et en Rm 6.14 Paul affirme : Le péché n’exercera pas sur vous sa maîtrise, car vous n’êtes pas sous la loi.

 

En tant qu’ancien pharisien, Paul a une vue très élevée de la loi de Moïse : La loi est-elle péché ? Jamais de la vie ! (Rm 7.7)   La loi est spirituelle (Rm 7.14), la loi est sainte, le commandement est saint, juste et bon (7.12).

 

Mais la loi, tout comme le péché, nous retient prisonniers, et Paul discerne un lien entre la loi et la capacité du péché à nous maîtriser : quand nous vivions selon la chair, la loi excitait les mauvais désirs (Rm 7.5). Paul explicite cela par un exemple (probablement personnel) (Rm 7.7-8, 11) : je n’aurais pas su ce qu’était la convoitise si la loi n’avait pas dit : Tu ne convoiteras pas. Alors le péché, profitant de l’occasion, a produit en moi, par le commandement, toutes sortes de convoitises ; (…) le péché, profitant de l’occasion, m’a trompé par le commandement et, par lui, il m’a tué.

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L’exemple parle de lui-même et nous rejoindra sans doute dans notre propre expérience. Paul résume et généralise au centre du passage : Quand le commandement est venu, le péché a pris vie, et moi, je suis mort (Rm 7.9).

 

 

Sortir de ce double esclavage (Rm 7.25)

 

Dieu a vaincu le péché par la mort de Jésus-Christ à la croix et l’Esprit saint nous rend bénéficiaires de sa victoire en nous libérant du péché, de la mort, mais aussi de la loi (Rm 8.2).

 

Ainsi, Paul n’oppose pas la loi et le péché et ne voit pas dans la liberté qui découle de la grâce une possible licence (cf. les « Tout est permis » de 1 Co). Paul associe d’un côté la loi et le péché et leur oppose la grâce et la marche par l’Esprit.

 

 

Reste-t-il dans la vie du chrétien une part laissée à la loi de Moïse ?

 

« Libéré de la loi » signifie-t-il libéré du régime de la loi comme moyen de salut, mais que les commandements éthiques (par ex. les dix commandements) continuent à s’imposer aux croyants comme règles de vie ? Mais comment la loi pourrait-elle avoir la moindre autorité sur le croyant sans qu’immédiatement le péché profite de l’occasion (Rm 7.11) ? D’ailleurs, Christ a annulé la loi juive avec ses commandements et ses règlements… (Ép 2.15, BFC). Le juste, le croyant n’est pas régi par la loi. Elle a été instituée pour ceux qui n’en veulent pas : pour les hommes sans foi ni loi, vivant sans règle ni frein, pour les rebelles, les gens qui méprisent Dieu et les pécheurs… (1 Tm 1.9) C’est pourquoi, hormis de manière anecdotique2, Paul ne se réfère pas à la loi mosaïque pour définir la conduite du croyant3, mais renvoie pour l’éthique du Royaume aux exhortations plus exigeantes, mais libératrices de l’enseignement de Jésus, du commandement nouveau et à l’Esprit et à son fruit.

 

Maintenant, nous sommes libérés de la loi (…). Nous pouvons donc servir Dieu d’une façon nouvelle, sous l’autorité de l’Esprit saint, et non plus à la façon ancienne, sous l’autorité de la loi écrite (Rm 7.6).

 


NOTES

 

1. Comme surveillant (Ga 3.24)

 

2. Par ex. 1 Cor 9.9 ; 1 Tm 5.18

 

3. 104 des 119 utilisations du terme « Loi » par Paul se trouvent dans les Épîtres aux Romains et aux Galates où il dénonce les tentations légalistes.